Les Brotteaux est un quartier du 6e arrondissement de la ville de Lyon. Il est situé entre le Rhône et la voie de chemin de fer qui mène à la gare de la Part-Dieu. L'urbanisation de ce quartier a débuté à la fin du XVIIIe siècle sous l'impulsion de l'architecte et urbaniste Jean-Antoine Morand de Jouffrey (1727-1794). Ce quartier est parfois appelé quartier Morand.
Étymologie
Le mot « broteau » (avec un seul « t ») désigne en
Parler lyonnais, une île de la plaine alluviale du
Rhône et limité par le fleuve lui-même ou l'un de ses bras, ou
Lône. Il semble que la graphie actuelle qui comporte deux « t », « brotteau », soit apparue au début du
XIXe siècle sous l'impulsion de l'administration locale et contre les vives protestations d'érudits locaux.
Avant l'urbanisation
La plaine alluviale du Rhône, qui occupe une grande partie des 3
e, 6
e et 7
e arrondissements actuels, a été formée il y a 15 000 ans environ par les alluvions charriés par le fleuve. Ces alluvions s'accumulent et forment des bancs de sable et de galets délimitant des petites îles séparées par des lônes. Ces îles fixent une végétation typique :
saules,
aulnes et
frênes. À la moindre crue, les îles disparaissent et se forment ailleurs. La végétation sert ainsi de bois de chauffage pour la ville toute proche. Petit à petit, ces bois laissent la place à une plaine herbeuse où le bétail pâture, notamment des veaux, d'où provient les toponymes Beche
velin (dans le 7e arrondissement) et
Vaulx-en-Velin, quelques kilomètres en amont.
Jusqu'en 1730, le lit du Rhône est situé légèrement plus au sud-est qu'aujourd'hui. Il ne longe pas les contreforts caluirards mais passe à l'intérieur de l'actuel parc de la Tête d'Or (dont le lac est un ancien bras) et rejoint son lit actuel au niveau du quai de Serbie. Entre ce lit et les contreforts de Caluire s'étendent plusieurs îles : île Chevaline, île Lambert et île du Consulat. Des fermes s'implantent sur ce territoire car certaines îles sont plus élevées et se retrouvent moins exposées aux crues. On trouve ainsi les fermes de la Tête d'Or, de l'Émeraude et celle de Bellecombe.
En 1735, le Consulat de Lyon acquiert le domaine de l'Émeraude qui appartient aux Jésuites pour le céder la même année aux hospices civils de Lyon qui avaient déjà acquis le domaine de la Part-Dieu grâce au leg viagier de Madame de Servient. Petit à petit, les hospices vont acquérir une à une les parcelles qui ne leur appartiennent pas encore : propriété Léotard en 1706, propriété et ferme Bernard en 1731 (rue Duquesne actuelle). Ainsi, en 1740, les Hospices sont propriétaires de la quasi totalité des terrains à proximité du Rhône.
En 1754, le Rhône connait une terrible crue qui hypothèque les nouveaux aménagements effectués sur le Rhône. Le cours serait ainsi déplacé vers l'est et délaisserait les abords de la presqu'île. Les ports et les moulins n'auraient plus fonctionné. Cet évènement pousse le Consulat et les Hospices à réagir. C'est ainsi que le 3 octobre 1756, un arrêt du Conseil du Roi charge l'intendant de Généralité, de la Michodière, de préparer les travaux de construction d'une digue. Ceux-ci, très difficiles commencent en 1759 sous le regard de Deville et ne se terminent qu'en 1768. Le cours du fleuve est ainsi détourné légèrement plus à l'ouest, au niveau du lac du parc de la Tête d'Or. Les Hospices sont désormais propriétaires de l'ancien lit du Rhône ainsi détourné, nouveau terrain que le Consulat leur attribut en dédommagement des dépenses avancées pour la construction de la digue. En 1763, les Hospices font de nouvelles acquisitions auprès du séminaire de Saint-Irénée et d'autres propriétaires. Ils détiennent désormais toute la bande de terrain qui longe le Rhône, sur environ un kilomètre de large et le domaine de la Part-Dieu. Les terrains situés à l'arrière de cette bande , vers l'actuelle place Kléber et les terrains de Bellecombe, appartiennent à des propriétaires privés. C'est ce qui va permettre à Jean-Antoine Morand de concevoir son « plan général de la ville de Lyon et de son agrandissement en forme circulaire dans les terrains des Brotteaux ».
Les grands travaux de Morand
Cette section est vide, pas assez détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue !En 1856 est une année charnière pour le quartier des Brotteaux : la terrible crue du Rhône, l'inauguration du parc de la Tête d'Or et l'ouverture de la première gare des Brotteaux.
La crue
Le
31 mai 1856, la digue de terre à
Vaulx-en-Velin cède sous l'impressionnant débit du Rhône (environ 5000 mètres cubes par seconde). Le Rhône s'engouffre par la brèche et innonde tout le quartier, à l'exception de la place Morand (actuelle place Maréchal Lyautey)
La première gare des Brotteaux
Article détaillé : . La digue de la Tête d'Or est constituée en
1856 à la limite ouest et nord du parc. La ligne de Genève et une première gare de plein pied avec la voirie voit le jour une sur l'esplanade actuelle de l'ancienne gare des Brotteaux.
Le parc de la Tête d'Or
Article détaillé : .Les travaux commencent dès 1856, sous la direction des paysagistes suisses Denis et Eugène Bulher. Le parc est inauguré après cinq années de travaux mais il est ouvert dès 1857. La partie sud du parc, le long du boulevard des Belges est urbanisée à partir de 1892. Les hôtels particuliers et autres maisons bourgeoises possèdent un accès privé au parc.
L'urbanisation
Le
Boulevard des Belges et le boulevard des Brotteaux sont crées à partir de
1862. L'urbanisation le long de ces deux voies durera plus de cinquante ans. En
1875, le fort des Brotteaux situé à l'emplacement de la gare actuelle va déménager car la guerre de
1870 a montré que ce fort était obsolète pour la défense de la ville.
En 1895, le préfet Rivault et le maire Antoine Gailleton s'accordent sur la gestion des cinq hectares libérés par la destruction des fortifications qui occupaient l'actuel Boulevard des Belges : « Les constructions devront être des hôtels, des villas d'agrément ou des maisons bourgeoises d'une hauteur maximale de trois étages »
Le <span class'romain' title='Nombre écrit en chiffres romains'>XXe siècle=== L'actuel bâtiment de la Gare des Brotteaux est inauguré en 1908 sur la ligne Lyon-Genève qui se raccordait à l'axe Paris-Marseille et à la ligne Lyon-Grenoble selon le projet ayant abouti en 1860. Elle sera longtemps l'une des quatre gares importantes de la ville de Lyon (Perrache, Vaise, La Guillotière). Avec l'arrivée du TGV, la SNCF l'abandonnera en 1983 après la construction de la gare de la Part-Dieu.
En 1919 est inauguré le Lycée du Parc.
Aujourd'hui
Gastronomie lyonnaise
Le quartier des Brotteaux accueille un nombre important de restaurants renommés tels que le Splendid de
Georges Blanc, lequel restaurant fait face à l'Est de
Paul Bocuse. La Brasserie des Brotteaux est également un lieu privilégié pour les amateurs de traditions culinaires lyonnaises.
Monuments et particularités
- Gare des Brotteaux : après son abandon en 1983 au profit de la gare de la Part-Dieu, le bâtiment de la gare abrite désormais une salle de ventes aux enchères, le célèbre restaurant de Paul Bocuse, baptisé l'Est, des bars branchés ainsi qu'une boîte de nuit, le First Tendency.
- Le Pavillon de Flore : immeuble d'habitations de style Art déco, de 1930, rue Waldeck-Rousseau.
- Le Boulevard des Belges et ses hôtels particuliers
- La Brasserie des Brotteaux et sa marquise et ses céramiques Art nouveau, ouverte depuis 1913.
Accessibilité
Notes et références
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